Elise Rivet, Juste parmi les Nations

05/10/2012 14:08

Élise Rivet naît le 19 janvier 1890 à Draria, près d’Alger, d’une mère d’origine prussienne et d’un père officier de marine. Elle bénéficie d’une excellente éducation. Après le décès de son père en 1910, elle s’installe à Lyon, elle travaille un temps dans un salon de coiffure, cours Morand.

Très croyante, elle entre, le 8 décembre 1912,  au noviciat du refuge de Notre-Dame de la Compassion, 8 rue de l’Antiquaille à Lyon. Cette congrégation s’occupe de jeunes filles majeures issues de milieux défavorisés, délinquantes ou semi vagabondes. Les sœurs œuvrent à leur redonner un sentiment de dignité personnelle tout en leur octroyant une formation professionnelle afin de leur permettre de trouver du travail.

Le 13 mai 1913, Élise Rivet prononce ses vœux et devient Sœur Elisabeth de l’Eucharistie. En 1926, elle prend la direction de la Providence, avant d’être élue Supérieure générale le 20 mars 1933. Elle sera renouvelée trois fois dans cette charge par les sœurs. Mère Elisabeth prend en effet son rôle très à cœur et se bat constamment pour la survie matérielle du refuge. En 1937, elle obtient l’accord du préfet pour ouvrir deux nouvelles sections, l’une pour accueillir les mineures délinquantes, l’autre les mineures vagabondes ou abandonnées à partir de l’âge de 3 ans.

A la suite de la défaite française de juin 1940, Mère Elisabeth s’engage très vite dans les actions de résistance. En 1941, elle entre en contact avec des membres de « Combat ». A la demande du colonel Chambonnet, elle cache des armes et des munitions à l’intérieur du couvent. En liaison avec le cardinal Gerlier, les différents locaux de la congrégation servent à cacher des enfants et des femmes juives. Ces dernières sont déguisées en religieuses. Mère Elisabeth gère conjointement ses activités de résistante et la direction de sa congrégation.

Mais le 24 mars 1944, à la suite d’une dénonciation, des agents de la Gestapo viennent perquisitionner le couvent. Mère Elisabeth leur demande seulement « de ne pas toucher aux sœurs ni aux enfants ». La Gestapo découvre rapidement la cache d’armes. La sœur a eu la prudence de cacher son carnet d’adresses, ainsi que les archives du contre-espionnage de la résistance qui sont conservées au couvent.

Mère Elisabeth est emmenée à la forteresse de Montluc avec son assistante, mère Marie de Jésus. Le 1er juillet 1944, après trois mois de détention, elle est transférée au camp de Romainville, près de Paris.

En tant que « grande criminelle de guerre », elle est déportée le 14 juillet 1944 au camp de transit de Sarrebruck. Elle arrive finalement à Ravensbrück après 4 jours de voyage dans un wagon à bestiaux. Au camp, Mère Elisabeth est affectée au block 14, puis au block 27. Elle est trop faible pour participer aux kommandos de travail et s’occupe de l’entretien avec les « tricoteuses », le groupe de Florentine. Jusqu’à la fin, elle tente de protéger, d’aider et de rassurer les autres détenues, s’évertuant à faire en sorte qu’elles conservent leur dignité. Elle récite le chapelet et dit le dimanche les prières de la messe. Par l’intermédiaire d’une infirmière allemande, elle obtient des nouvelles des différents fronts ainsi qu’un peu de nourriture qu’elle donne aux autres détenues.

Le 26 mars 1945, très affaiblie, Mère Elisabeth se joint à un groupe de déportées sélectionnées pour être gazées. Le 30 mars, le Vendredi Saint, elle prend la place d’une mère de famille et est conduite à la chambre à gaz. Elle est tuée une semaine avant l'évacuation des 300 premières déportées de Ravensbrück, le convoi de libération de Florentine.

A titre posthume, Mère Elisabeth reçoit, le 10 novembre 1945, la Croix de Guerre avec étoile, avec la citation suivante : « Élise Rivet, agent de renseignements en territoire occupé, outre des services rendus aux Services spéciaux, avait eu de fréquentes relations avec l’armée secrète, cachant des armes et donnant asile aux gens poursuivis comme étant en infraction avec les lois raciales ou avec le service obligatoire du travail ». 

En 1961, en pleine guerre d"Algérie, le gouvernement français l'honore en créant un timbre postal à son effigie.

Le 17 avril 1997, la médaille des Justes lui est remise à titre posthume.

En 1999, son nom est donné à une salle de l’Institut Lyonnais des Sciences de l’Homme.

Dés 1948, un procès en béatification avait été ouvert, mais ses activités pendant la guerre 1939-45 le bloquèrent très rapidement, hélas...

 

Sources : Eglise catholique de Lyon