Marcel Paul, la destinée d'un piteau

01/10/2013 13:57

Marcel Paul est un enfant trouvé le 12 juillet 1900 dans le XIVe arrondissement de Paris où il a été abandonné. Il commence à travailler à l'âge de 13 ans, comme valet de ferme dans la Sarthe. Dès l'âge de 15 ans, il milite dans les Jeunesses socialistes contre la guerre.

Mobilisé dans la marine, il participe à la révolte des équipages de Brest, puis, un an plus tard, à celle des marins qui refusent de faire fonctionner la centrale électrique de Saint-Nazaire contre les ouvriers en grève.

A sa démobilisation, il s'installe tout d'abord à Saint-Quentin, dans l'Aisne, où il travaille dans le bâtiment et entame une activité syndicale. Il déménage ensuite à Paris où il est embauché comme électricien à la Société des transports en commun de la région parisienne.

En 1923, il quitte la SFIO pour adhérer au Parti Communiste.

En 1931, il devient secrétaire général de la fédération des services publics, hospitaliers, éclairage et force motrice (CGTU), poste qu'il détient jusqu'en 1936. Il est nommé ensuite secrétaire général adjoint, puis secrétaire général, en 1937, de la fédération réunifiée de l'éclairage, fonction qu'il conserve jusqu'en 1939.

En 1932, il est violemment agressé à la sortie d'une réunion syndicale du personnel soignant de l'Hôtel-Dieu de Marseille. Une infirmière qui l'accompagne est tuée.

Il admire profondément Maurice Thorez mais privilégiera toujours ses mandats syndicaux. Marcel Paul est mobilisé en 1939 dans l'infanterie. Fait prisonnier, il s'évade deux fois. Il parvient à s’enfuir et à regagner Paris. Il n’a plus de contact avec le PCF.

Il quitte Paris à vélo pour gagner la Bretagne où il organise les premiers actes de résistance, notamment avec Auguste Havez, responsable régional communiste de Bretagne.

En août 1941, il organise l'attentat, manqué, contre Goering.

Marcel Paul est dénoncé. Le 13 novembre 1941, il est arrêté et torturé par la Brigade spéciale au commissariat de Saint-Denis. Il est ensuite transféré à la prison de la Santé.

Jugé en février 1943 par la section spéciale, il est condamné à quatre ans de prison. A l'été 1943, il est emmené, avec d'autres détenus, à la centrale de Fontevrault.

Livré en février 1944 aux Allemands, Marcel Paul tente une nouvelle fois de s'évader. Envoyé à Compiègne, au camp allemand de Royallieu, il est déporté avec Jean et 1670 camarades, le 27 avril 1944, vers Auschwitz. Le matricule 186187 lui est ancré dans la chair. Le 12 mai, il est finalement transféré vers Buchenwald, avec 1550 hommes de son convoi. Seuls 833 hommes du convoi parti de Compiègne reviendront de l'enfer concentrationnaire.

Au camp de Buchenwald, il devient, avec Albert Forcinal, l'un des cinq principaux responsables du « Comité des Intérêts Français », organe de résistance clandestine présidé par le colonel Manhès. Certains français doivent leur salut à ce comité, dont Marcel Dassault, qui par gratitude, versera chaque année une somme d’argent au quotidien communiste, l’Humanité.

En liaison avec le Comité International de Résistance du camp, il participe au sauvetage des enfants juifs de Buchenwald en les cachant.

Marcel Paul a un rôle important dans l’insurrection du camp en avril 1945. Les déportés du camp se libèrent eux-mêmes, quelques heures avant l'arrivée des Américains, le 11 avril 1945.

Rapatrié en priorité avec des personnalités, il reste peu de temps à Paris et repart à Buchenwald pour s'occuper du retour des autres déportés.

De retour à Paris, Marcel Paul est élu au Comité central du PCF en juin 1945. Dans le même temps, il reprend ses activités syndicales.

Nommé ministre de la production industrielle le 21 novembre 1945, dans le gouvernement de Gaulle, il reste à ce poste jusqu'en décembre 1946. Le 27 mars 1946, il propose la nationalisation de l'énergie et organise la création d'EDF-GDF, qui est votée le 8 avril 1946. Il organise le statut du personnel de la nouvelle entreprise publique.

En novembre 1946, il est élu à l'Assemblée nationale et nommé membre de la Commission de production industrielle. Il reste député de la Haute-Vienne de 1946 à 1948.

A partir de janvier 1947, Marcel Paul reprend la tête de la fédération CGT de l'éclairage, fonction qu'il occupera jusqu'en 1966.

En février 1947, il devient président du Conseil Central des Oeuvres Sociales (CCOS) d'EDF-GDF. Voulant se consacrer plus totalement à sa mission syndicale, il démissionne de son mandat de député le 20 avril 1948.

En 1952, il fonde avec le colonel Manhès la FNDIRP, la Fédération Nationale des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes. Il en sera président jusqu'à sa mort.

Il est nommé Officier de la Légion d'Honneur en avril 1982. A l'issue de la cérémonie du 11 novembre 1982, place de l'Etoile à Paris, il est pris d'un malaise. Il décède en son domicile de l'Ile St Denis quelques heures plus tard.

 

Sources :   Amicale des Déportés Tatoués du 27 avril 1944

                Assemblée Nationale